Cosmetique Naturelle

Cosmétique traditionnelle, Cosmétique naturelle ? Cosmétique Bio ? Comment s'y retrouver, quand notre seul souci est d'utiliser des produits sains et efficaces pour notre beauté ?

Les cosmétiques sont pratiquement aussi anciens que l'homme. De tout temps, ils ont évolué au fil des modes, des matières premières disponibles. Certains pouvaient contenir des substances dangereuses pour la santé, comme le plomb et le mercure. Puis la révolution industrielle est arrivée, avec son cortège de découvertes de dérivés de produits du pétrole, de composés de synthèse. La cosmétique, était à la pointe de la recherche et de l'innovation.

La cosmétique du XX° siècle s'apparente au mythe de la fontaine de jouvence. Les mannequins sont la représentation idéale de la femme, le visage doit être embelli, dénué de sillons et de cernes. Dès leur plus jeune âge, les jeunes filles adoptent la panoplie complète de la peau séduction, de la crème de nuit au blush couvrant les imperfections. Les industries cosmétiques sont florissantes. Les dermatologues gagnent des clientes !

Mais avec du recul et après certains retours de cosmétovigilance, des analyses ont été effectuées et des soupçons se sont portés sur la « dangerosité » de certains produits. On ne peut, inverser une tendance, aussi facilement, certains conservateurs (type Parabènes) sont uniquement considérés comme « produits à surveiller, mais sans effets néfastes aux doses employées », malgré de nombreux rapports énonçant leurs potentialités d'inducteurs de vieillissement cellulaire et d'agents cancérigènes. En conséquence, ils ne sont toujours pas inscrits sur la liste négative de la Directive européenne des cosmétiques.

Il faut savoir que les Parabènes, existent à l'état naturel, dans certains fruits et légumes ! Il faut aussi noter, que ces esters de l'acide parahydroxybenzoïque sont autorisés comme conservateurs dans la charte Cosmébio/Ecocert !

Un petit état des lieux :

Jusqu'à ces dernières années, personne ne s'interrogeait sur la composition d'un produit cosmétique. Les étiquettes servaient de tremplin marketing, en vantant les merveilleuses propriétés des produits.

La Directive cosmétique, a imposé dès 1976, d'utiliser des noms de produits répondants à une norme internationale (INCI : International Nomenclature of Cosmetic Ingredients), afin d'identifier les matières utilisées, et également de décliner les ingrédients par ordre décroissant de quantité contenue dans le produit. Le monde de la médecine, la presse, l'écologie ont alors diffusé les réalités des formules cachées jusqu'alors sous des noms génériques.

Les consommateurs ont commencé à devenir méfiants, et à calculer le pourcentage d'actifs que contenaient leurs produits, hors molécules de conservateurs, de parfums ou d'excipients de synthèse. Stupéfaction ! Certains produits ne faisaient figurer que 1% d'actifs !!!

En 2006, L'Afssaps a répertorié 140 cas de réactions allergiques plus ou moins graves (certains ayant entraîné des hospitalisations), après utilisations de produits cosmétiques de soins du visage, du corps, des cheveux !

L'ère de la cosmétique naturelle :

A l'opposé de la cosmétique riche en dérivés du pétrole, en conservateurs de synthèse, il y avait la nature. La demande s'est alors portée vers la cosmétique naturelle. L'agriculture biologique se développait en réaction à l'utilisation grandissante de pesticides et engrais. Une prise de conscience concernant la biodiversité et le développement durable commençait à émerger.

Que recherchaient les consommateurs ? A exclure la chimie, donc la cosmétique naturelle adopta une symbolique très sûre pour son image : tous les produits étaient « sans Parabènes », « sans PEG », « sans huile minérale », « sans Phénoxyéthanol », « sans silicones », « sans parfums et colorants de synthèse », « sans produits de la pétrochimie » … Mais quels étaient les actifs ? Les conservateurs ? Certains produits alléguaient des actifs d'origine végétale … actifs très natures, mais cette fois sans ajouter la mention « sans pesticides », « sans métaux lourds » !!!

Il régnait un flou artistique dans cette nouvelle classification. Pas de réglementation pour cette nouvelle cosmétique, et des ambiguïtés, entre les termes de « cosmétique naturelle » et « cosmétique d'origine naturelle ». Dans le premier cadre, les actifs sont des végétaux ou extraits de végétaux, des argiles, des huiles végétales ou essentielles, dans le deuxième cadre, les extraits végétaux ont pu subir des transformations chimiques, le pétrole est un élément naturel, donc ses dérivés sont d'origine naturelle, les Parabènes existent à l'état naturel … Il fallait savoir lire les étiquettes !!!

L'ère de la cosmétique Bio :

Un marché de niche, a alors vu le jour. Les cosmétiques Bio, basés sur le respect de l'environnement et le développement de l'agriculture biologique. Ce marché débuta surtout avec de petites start-up, qui pouvaient ainsi créer des formulations nouvelles sans frais de transformations. Pour mobiliser leurs forces, faire connaître ces nouveaux produits, plusieurs laboratoires spécialistes des cosmétiques écologiques et biologiques ont initialisé la labellisation de cette nouvelle cosmétique.

Plusieurs labels défendent et protègent les produits Bio : Nature et progrès, Cosmébio (certifié par Ecocert et Qualité France), BIDH (Allemagne), AIAB (Italie), Oasis (Etats Unis). Le label AB concerne uniquement l'agriculture biologique (pas les produits d'hygiène).

La priorité de ces labellisations est de travailler avec des ingrédients issus de l'Agriculture Biologique contrôlée, de ne pas effectuer de tests sur les animaux, et de ne pas utiliser de matière issue de la pétrochimie.

En 2007, un nouveau cadre définissant le label Bio européen a été approuvé par les ministres de l'agriculture des 27 pays. Le nouveau label exige que 95% du produit soit d'origine Bio et d'origine européenne, mais … les produits Bio peuvent contenir jusqu'à 0,9% de traces d'OGM. Le label AB interdisait toute présence d'OGM. Une avancée, par rapport aux 70% de produits Bio antérieurs, un recul avec l'acceptation d'OGM !

L'actualité des cosmétiques naturels et des cosmétiques Bio :

Les qualités et les limites du naturel :

Du fait de l'absence de conservateurs, de parfums de synthèse, d'agents blanchissants, les cosmétiques naturels ont un aspect moins attrayant que les cosmétiques de synthèse.

Les cosmétiques naturels existent depuis des millénaires, on peut reprendre les recettes de Cléopâtre, avec ses masques à l'argile, ses baumes à l'huile d'olive, l'huile de palme ou l'huile de nigelle, ou ses bains au lait d'ânesse.

Toutes les époques de notre histoire ont véhiculé le lien - beauté / santé / naturalité – Ces produits naturels ne doivent comporter que des substances issues de « Mère nature », et pour ce faire, si l'on veut conserver le terme de naturel, les ingrédients de cette cosmétique doivent impérativement n'être obtenus que par des procédés d'extraction non dénaturants, non polluants et faire abstraction de tout composé de synthèse.

Mais on trouve sur le marché européen, des cosmétiques qualifiés de naturels et qui contiennent malgré tout des ingrédients de synthèse. Ce terme de « naturel » diffère dans son utilisation, d'un pays à un autre. En Allemagne et en France, le label BIDH « cosmétiques naturels contrôlés », assure le respect des trois objectifs suivants : protection de la nature, transformation soigneuse des matières premières et compatibilité des produits.

Les cosmétiques naturels font parfois l'objet de compromis, avec l'inclusion dans leurs formules de composés transformés d'origine naturelle. Il faut alors vérifier que ces substances ne sont pas chimiquement modifiées ! Mais le procédé de fabrication n'est pas indiqué sur l'étiquette. Les cosmétiques naturels peuvent être Bio. Les cosmétiques naturels peuvent venir « d'ailleurs », de pays où le label Bio est difficile à mettre en action.

Inscrire 90% de composés naturels sur un produit, ne garantie pas l'absence de produits de synthèse, car ce pourcentage peut correspondre à l'eau qui forme la majorité du produit ! Se fier à la couleur verte de l'emballage, aux dessins et photos de fleurs, de feuilles … ne signifie pas que le produit est naturel, mais plutôt que le service marketing est imaginatif.

Les inscriptions « naturel, artisanal, traditionnel, équitable, aux fruits, aux plantes … » ne sont pas toujours des assurances innocuité : il peut exister quelques pourcentages de naturel noyés dans une masse de produits de synthèse, des produits traditionnels aux sels d'alun qui apportent de l'aluminium toxique pour la peau … et le cerveau, des fabrications artisanales sans protection microbiologique, des essences synthétiques de fruits ou de plantes …

Les dispositions législatives européennes relatives aux produits cosmétiques naturels indiquent notamment « qu'ils ne doivent pas nuire à la santé humaine lorsqu'ils sont appliqués dans des conditions normales ou raisonnablement prévisibles d'utilisation ».

Une association d'entreprises européennes de cosmétiques, NaTrue, vient de voir le jour. La motivation de NaTrue : se placer comme une plate-forme, une initiative, un réseau de transparence, une recherche de labellisation compréhensible, et des exigences élevées en matière d'éthique et d'écologie. Leurs domaines d'action ? Cosmétique naturel, cosmétique naturel en partie bio, cosmétique bio.

Les qualités et les limites du Bio :

Il est à noter que les cosmétiques Bio, sont très rarement 100% Bio, exception faite des composés à base d'huiles végétales et d'huiles essentielles. Ils peuvent porter le logo AB, indiquant que les végétaux présents dans la formulation sont issus de l'agriculture biologique à 95%, à 98% --- mais la formule peut ne contenir que 5% de végétaux ! A savoir, certains cosmétiques contiennent beaucoup d'eau, or l'eau n'est pas Bio. Si le fabricant remplace l'eau par de l'hydrolat, il peut ainsi augmenter son % de constituants Bio.

Il est important, lorsque l'on achète une marque, de connaître les procédés de fabrication, le choix du respect de l'environnement, les éco-emballages, les approvisionnements de matières premières en respect des hommes et des animaux.

Un label permet de savoir que le produit a été élaboré en fonction d'une charte précise, c'est une référence. Mais la réglementation n'étant pas encore très précise, selon les labels, il peut exister une incorporation d'ingrédients de synthèse dans des produits Bio. Un cosmétique Bio garantie spécifiquement, avec sécurité la provenance des ingrédients végétaux, comme issus de l'agriculture biologique. La labellisation Bio est parfois trop onéreuse pour une petite structure, qui se contentera d'indiquer « produit naturel ».

En cosmétique Bio, c'est la richesse d'ingrédients d'origine naturelle, sous leur forme originelle, qui donne la qualité du produit. Mais toutes les matières premières n'existent pas en Bio, ou bien sont présentées à des prix prohibitifs. En conséquence, il vaut mieux parfois, un produit naturel avec des actifs efficaces qu'un produit Bio sans effet.

Un produit Bio ne doit pas être toxique, par contre, il n'a pas obligation d'être hypoallergénique. Conseil aux allergiques : attention, certaines huiles essentielles et certaines fleurs peuvent provoquer des réactions si l'utilisateur a un terrain allergène.

Contrairement aux idées reçues, les produits Bio ont une bonne conservation et sont pour la plupart aussi efficaces que les produits de cosmétique traditionnelle. Un Groupe de travail sur l'Harmonisation européenne des Cahiers des charges Cosmétiques, et réunissant sept organismes européens, a ouvert une consultation publique jusqu'en janvier 09, afin de mettre en place des critères de certifications exigeants et harmonisés. Le cahier des charges du référentiel Cosmos prévoit la création en avril 2009 d'un écolabel européen de référence pour les cosmétiques naturels et biologiques, afin de faciliter l'information du client qui souhaite acheter des cosmétiques Bio.

Cosmétique naturelle ou cosmétique naturelle Bio ?

Il faut favoriser le changement d'attitude des consommateurs, orienter les choix vers la naturalité avec des labellisations simples et explicatives. Si, à quelques semaines d'intervalle, deux labels européens garantissant la cosmétique naturelle et la cosmétique Bio, ont vu le jour, avec des objectifs très proches, c'est que les tendances vont vers une sécurisation des marchés et une demande de labellisation harmonisée, qui permette enfin de se retrouver dans les différences.

Le marché de la cosmétique naturelle enregistre une croissance de 40% par an, stimulé par la crainte de la « chimie ». Ce marché, au début limité à de petites entreprises commercialisant dans des réseaux de type Biocoop, est actuellement en expansion auprès des grands groupes qui ne peuvent laisser de côté cette aspiration à une « beauté sans risque ».

Choisissons des produits naturels ou naturels Bio, en regardant les étiquettes. Aidons le naturel à entrer dans notre mode de vie

Souhaitons que le naturel reste un justificatif de produits sans risques et qu'il ne devienne pas un argument marketing de commercialisation. Soyons à l'écoute de la santé de notre peau.